Les bébés ont souvent des renvois douloureux après la tétée. La mère, qui s’y attend et considère ce comportement comme normal, exécute tout un rituel après chaque tétée ou chaque biberon. Faire un rot est naturel pour le nourrisson, et le renvoi désagréable est tenu pour une faiblesse inévitable du petit de l’homme au cours des six premiers mois. Pour le biologiste, l’existence d’une pareille faiblesse est surprenante. Le bébé est une mécanique si bien conçue que cela paraît invraisemblable. Pourrait-il y avoir une explication ?
Il faut souligner que les femmes des sociétés tribales ne rencontrent pas ce problème. Le rituel du rot semble limité aux cultures occidentales, plus riches. Ces cultures ne commettraient-elles pas une erreur? Le renvoi n’est peut-être pas, après tout, un comportement naturel.
Qu’est-ce qui provoque le rot chez bébé ?
L’air que le bébé avale en grande quantité pendant la tétée provoque le rot. Au cours du repas, l’estomac de l’enfant se dilate sous le mélange d’air et de lait, ce qui est inconfortable tant que l’air n’a pas été expulsé.
Comment faire faire un rot à un bébé ?
Comme l’enfant a du mal à s’en débarrasser :
- la mère doit prendre bébé contre sa poitrine, le visage émergeant de son épaule.
- Tenu à la verticale pendant qu’une main compatissante lui frotte ou lui tapote le dos, le bébé finit par faire son rot. La mère et l’enfant se détendent. Le rituel est fini, et un sommeil paisible peut s’ensuivre.
Alors pourquoi les bébés des populations tribales ne connaissent-ils pas ce genre d’indisposition ? Le problème doit tenir à l’absorption de l’air et à la présence de cet air dans l’estomac. Les lèvres d’un petit bébé ne sont pas assez musclées pour adhérer parfaitement au mamelon ou à la tétine. Elles ne peuvent pas en enserrer suffisamment fort l’extrémité pour empêcher l’air de pénétrer par les coins de la bouche.
Comme il tète énergiquement, il aspire de l’air, qu’il avale en même temps que le lait. À l’âge de 6 mois, ses lèvres sont beaucoup plus robustes : il n’avale donc plus d’air en quantité. C’est alors que le rot disparaît. Ce qui explique comment l’air s’introduit dans l’estomac n’explique pas pourquoi les bébés des populations tribales n’en souffrent pas. Puisque tous les bébés du monde ont le même type de lèvres, ils doivent tous absorber beaucoup d’air durant les mois pendant lesquels ils tètent. C’est donc l’estomac qui est en cause. Là, en effet, nous trouvons une différence entre les bébés occidentaux et ceux des populations tribales.
En Occident, on tient le bébé dans une position plus horizontale quand on le nourrit. Dans les populations tribales, on le tient plus droit; l’air et le lait, à l’intérieur de l’estomac, ont donc une chance de se dissocier, de sorte que l’air s’élève et s’échappe facilement en petits hoquets spontanés. Si le bébé est tenu dans une position trop horizontale, cela ne peut se produire. L’air est captif et provoque des renvois désagréables. Le rituel du rot amène automatiquement la mère à redresser son enfant, et cette position verticale résout le problème. Les petits tapotements dans le dos aident peut-être.
Il suffirait sans doute d’attendre que l’air remonte, et n’importe quelles caresses feraient l’affaire pour occuper le temps. Les bébés des populations tribales étant tenus plus droit, ils se débrouillent seuls, sans le secours de leur mère. À l’appui de cette théorie, on a constaté que les bébés occidentaux transportés dans des porte-bébés ont rarement besoin de faire un rot.
Comment réduire la quantité d’air ingurgitée par bébé lors du biberon ?
Il existe plusieurs solutions pour réduire la quantité d’air ingurgitée par le bébé :
- Il faut éviter tout d’abord que le lait ne coule trop vite ou trop lentement. Dans le premier cas, le bébé boit avidement pour ne pas être en reste et ingurgite de l’air en même temps. Si le lait est trop abondant, l’enfant affamé aspire plus fort et avale d’autant plus d’air.
- Par ailleurs avec le biberon, le trou de la tétine ne doit être ni trop gros ni trop petit.
Les vieilles tétines, qui ont tendance à s’aplatir, sont source d’ennui. Enfin, un biberon mal incliné, sur lequel la tétine n’est pas complètement renversée, laisse également entrer de l’air.
En dehors de la méthode d’alimentation, les cris prolongés font aussi avaler de l’air. Si le rot fait rarement pleurer, pleurer fait presque toujours roter. Les bébés qui pleurent pour attirer l’attention, parce qu’ils ont besoin d’un câlin ou qu’ils veulent retourner dans les bras de leur mère, finiront par faire un rot. La mère croit qu’il a pleuré parce qu’il a eu mal et confond ainsi la cause et l’effet.
Un dernier point : si on allonge le bébé sur le côté après la tétée, mieux vaut le coucher sur la droite que sur la gauche. En raison de la forme de l’estomac de l’enfant, cette simple précaution diminuera les problèmes liés à l’aérophagie en permettant à l’air de s’échapper plus facilement.